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Interview Pierre Vandernoot (président) et Jean-Louis Joris (Vice-président), Justice en ligne
L’IJE soutient notre État de droit et la Justice, se positionnant comme l’ordre de la 2e profession juridique du pays en nombre de membres. Dans cet esprit, nous sommes fiers de collaborer avec l'association à l'origine des portails renommés en Belgique francophone, « Justice en ligne » et « Questions-Justice.be ».
Ces sites reçoivent un nombre impressionnant de visites et ont pour ambition de démocratiser les questions (d’actualité) liées à la justice. Son président, Pierre Vandernoot, et vice-président, Jean-Louis Joris, nous partagent leur expérience relative à ces enjeux, le point de vue des jeunes sur ces sujets et le rôle que nous, en tant que juristes d'entreprise, pouvons jouer. Un sujet plus que jamais d'actualité !
Pouvez-vous nous présenter l’ASBL « Institut d’Études sur la Justice » que vous présidez ?
Pierre Vandernoot (PVn) : Créée au lendemain de l’affaire Dutroux principalement par des professionnels du droit, notre ASBL a eu pour projet de contribuer à combler le fossé qui s’était creusé entre l’opinion publique et la Justice en raison de certains dysfonctionnements constatés à cette occasion. Au-delà de la légitime émotion de la population, il convenait en effet d’expliquer les principes de base du fonctionnement de l’institution judiciaire, garante de nos libertés.
L’ASBL a créé les sites internet, « Justice en ligne » (justice-en-ligne.be) et « Questions Justice ». Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
PVn : Justice-en-ligne, dans un langage accessible, s’adresse au grand public pour lui expliquer, le plus souvent au départ de l’actualité, le fonctionnement des divers visages de la Justice et de ceux qui y collaborent. Il montre aussi que, sur bien des sujets de société, la Justice a son mot à dire. Notre site se situe dans une perspective de mise en valeur des idéaux des droits humains et de l’État de droit, ce qui ne peut qu’intéresser les juristes d’entreprise.
Questions-Justice poursuit le même objectif mais en s’adressant plus particulièrement aux « 16-18 ans », les citoyens de demain, et à leurs enseignants.
Outre leurs outils pédagogiques permanents (lexique, schémas explicatifs, moteur de recherche, etc.), nos deux sites publient chacun au moins un article ou une capsule vidéo par semaine grâce à la collaboration des meilleurs spécialistes et praticiens du droit. Sur Questions-Justice, une « salle des profs » comporte des exercices à utiliser dans les classes, permettant, eux aussi, de mieux comprendre la Justice. Tout cela est offert gratuitement au public.
Quel regard portent selon vous les jeunes sur l’État de droit et la Justice ?
Jean-Louis Joris (JLJ) : Sans doute, à notre humble avis, un regard assez abstrait empreint d’incompréhension influencée, comme chez les adultes d’ailleurs, par l’image déformée que peuvent donner de la Justice certains films et de nombreuses séries télévisées. Ils n’aperçoivent sans doute pas pleinement les principes qui gouvernent la Justice dans un État de droit, fondée sur l’indépendance et l’impartialité. Pourtant, ils expriment de nombreuses préoccupations citoyennes qui révèlent leur attachement à l’État de droit et à la démocratie.
PVn: Sans doute limitent-ils en outre la Justice à sa dimension pénale, perdant de vue son intervention dans les domaines civils, économiques, sociaux, familiaux, administratifs, constitutionnels, etc. L’élargissement de ce spectre est précisément l’un des objectifs que nous poursuivons.
Quel rôle peuvent selon vous avoir les juristes d’entreprise pour l’État de droit ?
JLJ : L’État de droit est l’affaire de tous. Les entreprises, comme les citoyens, participent au fonctionnement de l’État et y contribuent. Un État ne peut fonctionner correctement, dans le respect du droit, que si les éléments constitutifs de la société civile, en ce compris les entreprises, adhèrent à un modèle démocratique de construction de l’État. En exprimant leur responsabilité sociale, elles démontrent qu’elles en sont pleinement conscientes.
Au sein des entreprises, ce sont leurs juristes qui peuvent rappeler les principes et les valeurs à la base de pareil fonctionnement de l’État, dont la Justice est un rouage essentiel. Leur entreprise peut nous aider à le faire.
D’où vient votre intérêt personnel pour ces questions ?
PVn : Un regard rapide sur le monde montre que la démocratie est une denrée rare et que, lorsqu’elle existe, elle peut être en danger. Le vent peut parfois vite tourner. J’ai la conviction qu’une démarche pédagogique et explicative à l’intention du grand public est un des outils préventifs permettant d’éviter les dérives. Nos deux sites proposent quelques outils à cet égard, s’agissant de la Justice. Mon expérience d’ancien avocat, de magistrat et d’enseignant sont ainsi mis au service de la démarche citoyenne qui est la nôtre. Et nous en sommes récompensés puisqu’en 2023 nous avons reçu plus de 2.000.000 de visites !
JLJ : Ayant fait toute ma carrière dans un cabinet d’affaires international, j’ai vécu dans un milieu professionnel privilégié, où tant mes collègues que mes clients partagent les valeurs que nous venons d’exposer. C’est l’émoi suscité par « l’arrêt Spaghetti » [1],qui m’a fait prendre conscience de l’incompréhension du grand public à l’égard d’institutions destinées à le protéger de l’arbitraire et de la nécessité de lui permettre de s’informer sur le fonctionnement de la Justice de façon accessible et scientifiquement exacte. Mes enfants m’ont fait comprendre que nous devions également nous adresser aux jeunes, sinon en priorité, et offrir à leurs enseignants des outils pédagogiques. Aujourd’hui, c’est la remise en question par certains de l’État de droit, inconcevable jusqu’il y a peu, qui me motive à poursuivre.
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[1] Arrêt de la Cour de cassation qui à dessaisi le juge Connerotte, chargé de l’instruction dans l’affaire Dutroux, pour avoir manqué à son devoir de ne pas pouvoir donner l’apparence de partialité en ayant participé à un diner de charité destiné à récolter des fonds pour permettre aux parents des victimes de financer leurs frais d’avocats.
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